Nous sommes très nombreux.ses à nous reconnaître dans les symptômes de la dysménorrhée et à en souffrir. Nous voici donc au cœur du sujet. Que vous connaissiez le terme médical pour parler de vos douleurs de règles ou non, cet article vise à éclairer les lanternes sur certains points dont nous entendons peu parler.
Qu’est-ce que c’est ?

Les dysménorrhées sont des douleurs pelviennes qui surviennent au moment des règles ou quelques jours avant.
Elles sont de deux types, primaires ou secondaires.
La dysménorrhée primaire, ou menstruation douloureuse en l’absence de pathologie pelvienne telle que l’endométriose est une condition gynécologique commune, peu évoquée, et est souvent associée à une dégradation de la qualité de vie.
La dysménorrhée primaire apparaît généralement à l’adolescence, rapidement après les premières règles (entre 6 et 24 mois en moyenne). Les premières règles sont également appelées la « ménarche ».
Les dysménorrhées secondaires peuvent occasionner des douleurs très intenses et sont associées à des maladies, nous les aborderons dans un second temps.
Quels sont les symptômes ?
La dysménorrhée est caractérisée par des douleurs récurrentes dans le bas du ventre. Ces douleurs, d’une durée de 8 à 72 heures, sont généralement à type de crampes qui peuvent irradier au niveau du dos et des jambes. Elles débutent au moment des règles ou un à trois jours avant, avec un pic de sévérité le premier ou le second jour du cycle.
Ces douleurs peuvent être accompagnées d’autres symptômes, tels que :
- Des nausées pouvant aller jusqu’à entraîner des vomissements
- Des diarrhées ou constipations, voire une alternance des deux (levez la main si vous vous reconnaissez)
- Une fatigue chronique
- Des migraines
- Des lombalgies ( douleurs dans le bas du dos)
- Une envie très fréquente d’uriner (qu’on appelle pollakiurie)
- Parfois, des caillots de sang ou des fragments d’endomètre sont expulsés
A noter : Les symptômes diminuent généralement après un premier accouchement puis avec l’avancée en âge, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde.
Les dysménorrhées secondaires

Les dysménorrhées secondaires sont provoquées par différentes pathologies gynécologiques comme l’endométriose (la plus fréquente), l’adénomyose, les fibromes utérins, certaines malformations congénitales et maladies inflammatoires pelviennes.
Les dysménorrhées secondaires apparaissent généralement plus de deux ans après les premières règles, et peuvent être accompagnées de symptômes gynécologiques comme les saignements hors-menstruations et la ménorragie (un très lourd flux durant les règles). Ces douleurs peuvent être présentes tout au long du cycle et ne sont pas uniquement associées à la période des menstruations.
La cause de dysménorrhées secondaires la plus fréquente est l’endométriose, définie par la présence de tissu endométrial (la couche la plus interne de l’utérus) dans des locations extra-utérines (en dehors de l’utérus).
L’adénomyose en est la seconde source, elle est définie par la présence de tissu endométrial dans le la couche du milieu de la paroi utérine : le myomètre.
Voici une liste (non exhaustive) des pathologies pouvant entraîner une dysménorrhée secondaire:
- Endométriose
- Adénomyose
- Certains cancers
- Dystrophie ovarienne
- Malformations congénitales
- Infection génitale chronique ; obstacle cervical (polype ou myome) ;
- Synéchies (postcuretage)
- Fibrome utérin
- Kystes ovariens
- Adhérences inflammatoires
Si vous souhaitez une définition plus détaillée de ces pathologies, vous pouvez consulter le DYSctionnaire.
Combien de femmes sont affectées ?
La dysménorrhée est le trouble gynécologique le plus fréquent, et la dysménorrhée primaire en particulier touche 45 à 95% des femmes ( selon les groupes d’âge, les pays..)

Malgré le nombre de femmes concernées, la dysménorrhée est souvent mal traitée, et même ignorée par les professionnels de santé, les chercheurs de la douleur, et les femmes elles-mêmes, qui peuvent l’accepter comme une partie normale du cycle menstruel .
Certaines femmes n’osent pas parler de leurs douleurs de peur de se faire répondre que « c’est normal » ou qu’elles sont chochottes. Pour certaines, le passage chez le médecin ou le gynécologue a été une expérience traumatisante et beaucoup se sentent obligées de souffrir en silence. Heureusement, il existe des professionnels de santé sensibilisés et spécialisés dans le traitement de ces douleurs et de leur diagnostic.
En particulier, vous pouvez retrouver la liste des centres spécialisés dans le traitement de l’endométriose sur le site d’Endofrance : https://www.endofrance.org/nos-actions/centres-experts-dedies-lendometriose/
Et une liste de professionnels de santé « safe » et féministes regroupés par catégories à cette adresse: /https://gynandco.wordpress.com/
Pourquoi est-ce que j’ai mal?

L’hypothèse acceptée est que la production de molécules inflammatoires nommées prostaglandines en grande quantité au niveau de l’utérus est à l’origine des douleurs et des crampes
Le mécanisme est représenté dans le schéma ci-dessous ( suffisamment bien je l’espère):

Plus précisément, le déversement des prostaglandines provoqué par la désintégration des cellules endométriales lors des menstruations cause une hypercontractilité du tissu musculaire utérin ou myomètre et une vasocontriction des vaisseaux sanguins associés, ce qui provoque une hypoxie (manque d’oxygène) et une ischémie (manque de sang) du tissu, à l’origine des douleurs.
Quels sont les facteurs de risque?
- Un historique familial de dysménorrhée
- La consommation d’alcool
- La durée et la quantité du flux menstruel
- Le tabac
- La précocité des premières règles ( plus de chances d’avoir mal si elles sont arrivées plus jeune)
Certains facteurs peuvent également contribuer à la dysménorrhée mais n’ont pas été démontrés comme des facteurs de risque à proprement parler à ce jour :
- L’angoisse de la menstruation
- L’élimination de tissu menstruel à travers le col
- Un orifice cervical étroit
- Une malposition de l’utérus
- Le manque d’exercice
Quel impact sur la vie quotidienne ?

Les douleurs dues aux crampes et aux symptômes associés ont un impact considérable sur vie des femmes. Les symptômes peuvent entraîner des conséquences délétères sur les relations familiales, la performance scolaire, la possibilité de réaliser une activité physique et créer un handicap significatif.
Les dysménorrhées sont le premier facteur d’absentéisme scolaire chez jeunes femmes, et ont des conséquences sur la productivité au travail, avec une moyenne de 9 jours de productivité perdus en moyenne par an.
Les douleurs invalidantes sont à l’origine d’états dépressifs, d’une altération des relations sociales et d’une augmentation de l’anxiété pouvant entraîner une détresse psychologique.
Bien que l’impact de la dysménorrhée sur la qualité de vie ait été démontré, la plupart des femmes de consultent pas dans le cadre de leurs dysménorrhées et considèrent la gêne ou le handicap occasionné comme une part normale de leur cycle.
Seulement 10% des femmes qui souffrent de douleurs liées aux règles consultent un médecin.
Quels sont les traitements proposés ?

Le traitement de première ligne de la dysménorrhée primaire est médicamenteux. Il inclut des anti inflammatoires non stéroïdiens (Ibuprofène, Antadys) associées ou on à l’utilisation de contraceptifs oraux (pilule) , antalgiques ( Ponstyl) ou de progestatifs si les anti inflammatoires ne sont pas suffisants.
Bien qu’il existe des recommandations médicales pour aiguiller les professionnels de santé dans le traitement de la dysménorrhée, très peu de femmes consultent, et chacune a ses « remède de grand-mère » pour soulager ses douleurs.

Les méthodes non médicamenteuses sont utilisées par 52% des femmes, le repos étant la première stratégie, suivi de l’application de chaleur, la phytothérapie et l’exercice physique.
Profitons en pour faire un peu de biblio…

Une revue de la littérature comprenant 23 essais cliniques réalisée en 2019 a étudié les stratégies d’autotraitement les plus courantes. Selon les résultats de l’étude:
-L’exercice physique a démontré une meilleure réduction de la douleur que les traitements analgésiques
-L’application de chaleur une diminution équivalente
–L’acupression une diminution légèrement plus faible
Une autre étude réalisée en Allemagne sur 200 femmes en 2019 rapporte également que seulement 30% n’avaient jamais essayé de solution non médicamenteuse. Les choix sont basés sur leur opinion personnelle, les participantes ayant rapporté qu’elles préfèrent utiliser ce qu’elles connaissent déjà.
Les méthodes alternatives
Une revue de la littérature évaluant les connaissances et les stratégies de traitement sur plus de 12000 femmes en 2019 rapporte que les femmes prennent principalement des médicaments, mais que ce n’est pas toujours efficace pour traiter les symptômes.
Différentes thérapies alternatives ont démontré leur efficacité par des études cliniques plus ou moins encourageantes, et certaines ont déjà plus que fait leurs preuves dans nos chambres.
Pour voir de détails sur les méthodes alternatives aux médicaments , voir comment soulager ses douleurs.
Nous pouvons citer:
- L’application de chaleur
- L’application de froid
- L’exercice physique
- Les approches psychocorporelles
- Les thérapies physiques manuelles
- La Neurostimulation électrique transcutanée ( TENS)
- L’homéopathe
- La phytothérapie
- Les thérapies énergétiques
- L’acupression
- Les thérapies naturelles
- …
Et bien évidemment le repos !
Et vous ? Quelles sont vos techniques?

- Les dysménorrhées sont les douleurs apparaissant durant les règles ou un peu avant
- Les dysménorrhées primaires ne sont pas dues à une maladie et affectent de 45 à 95% des femmes
- L’endométriose est la première source de dysménorrhées secondaires bien qu’elle soit sous-diagnostiquée
- Seulement 10% des femmes consultent pour leurs douleurs
- Il existe une multitude de méthodes pour les soulager.. a vous de choisir celles qui vous conviennent le mieux !

Des dizaines d’essais cliniques ont tenté de démontrer l’efficacité de diverses méthodes pour soulager la dysménorrhée.. et même l’effet de la cannelle!
3 commentaires sur “Les dysménorrhées”